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02 septembre 2025
Quand les chiffres deviennent moteurs d’impact
Entretien avec Haroun Barrijal (30 ans) – Junior Expert en RDC
Après près de deux ans en tant que Junior Expert en Finance & Administration en République Démocratique du Congo, Haroun est rentré en Belgique fin juillet 2025. Avec une formation en comptabilité et fiscalité, et une expérience dans le secteur privé, il a intégré le monde de la coopération internationale via le programme junior d’Enabel. « Des processus financiers bien pensés et une réglementation claire renforcent l’impact de notre action. »
À son arrivée à Kinshasa, le choc culturel fut réel : « Au début, tout était une phase d’adaptation : trouver un logement, se repérer dans une ville de 20 millions d’habitant·e·s… Une ville qui ne s’arrête jamais, qui ne dort jamais. Mais une fois installé dans un appartement agréable, avec un sentiment de se sentir chez-soi, tout s’est mis en place. »
Fini le papier et l’argent liquide
En tant qu’expert·e en finance & administration, Haroun a notamment travaillé à la simplification des processus, à la formation des équipes locales, et à l’évaluation de solutions innovantes comme les paiements mobiles. « En RDC, Enabel utilisait encore beaucoup d’argent liquide, même pour de petites indemnités. Nous sommes passé·e·s au “mobile money”, ce qui n’est pas évident dans les zones reculées. Mais cela améliore énormément la traçabilité. »
Il a aussi contribué à des changements internes majeurs : « J’ai veillé à ce que l’équipe financière en RDC travaille entièrement sans papier. Il a fallu les convaincre, car certaines personnes tenaient à leurs dossiers physiques. Mais aujourd’hui, même les plus sceptiques me disent qu’elles sont contentes du changement. » Une manière concrète pour Haroun de contribuer aux objectifs de durabilité d’Enabel.
Un des moments forts de son expérience a été l’ouverture d’un nouveau bureau régional à Lubumbashi. « J’y ai temporairement remplacé la personne responsable des finances, et j’ai participé à la conception du bureau avec l’expert·e en infrastructures. C’était très gratifiant de voir l’enthousiasme des collègues à l’idée de travailler dans un espace neuf et bien équipé. »

Un parcours atypique
Avec un diplôme en comptabilité et fiscalité, et des expériences comme auditeur chez DHL et coordinateur supply chain chez Chevron, Haroun ne correspond pas tout à fait à l’image ‘classique’ que l’on se fait d’un·e professionnel·le de la coopération. « L’optimisation des processus, je faisais déjà ça dans le privé, mais ici on ressent davantage les résultats. Dans le secteur social, un processus plus efficace peut faire la différence pour des milliers de personnes. »
Son rôle l’a mené dans les zones les plus reculées du pays, de la région du Kasaï au Haut-Katanga. « Il faut connaître la réalité du terrain pour proposer de bonnes solutions. Parfois, c’est très concret : que faire si une personne est bloquée en déplacement et ne peut pas rentrer ? Il faut alors prévoir un endroit où dormir. Il faut être flexible. »
Son expérience dans le secteur aérien s’est également révélée précieuse. Haroun a pris part à une étude de faisabilité portant sur la mise en place d’un pont aérien avec un avion affrété, indispensable pour acheminer du matériel vers des zones difficilement accessibles. En collaboration avec l’équipe logistique, il a mis en place un système de suivi permettant, entre autres, de contrôler la consommation de carburant ainsi que le poids des marchandises transportées.

Envie de plus de responsabilités
Même s’il garde un bon souvenir de son expérience, Haroun reste lucide sur ses limites. « Je suis quelqu’un qui aime être actif, et j’ai remarqué que le rythme de travail pouvait être irrégulier. J’aurais aimé en faire encore plus. Mais sans le programme junior, je n’aurais jamais pu faire le saut vers la coopération internationale. Cette opportunité, je l’apprécie énormément. »
Et la suite? « Je vais probablement retourner un moment dans le secteur privé – mon expérience en RDC peut aussi y être utile. Mais je me vois bien, plus tard dans ma carrière, revenir vers la coopération internationale. L’engagement sociétal reste essentiel pour moi. »