Créer une entreprise dans son pays d’accueil : la success-story de Solange

En 2017, Solange Njiojep Kappa quitte le Cameroun pour rejoindre son mari, émigré au Maroc depuis dix ans. Il ne lui faudra pas longtemps pour créer son propre emploi avec le soutien du projet Amuddu.

 

L’histoire de Solange ressemble à un de ces contes de fées où l’héroïne surmonte l’adversité avec l’aide d’un bon génie pour construire la vie de ses rêves. Et pourtant, rien de plus terre-à-terre que le parcours de cette courageuse mère de trois enfants…

Infirmière au Cameroun, Solange s’occupe seule de ses filles. Son mari est en effet parti depuis dix ans chercher du travail au Maroc. En 2017, elle décide de le rejoindre et de travailler avec lui pour offrir une vie plus confortable à leurs trois filles restées au Cameroun.

Très vite, Solange doit hélas déchanter : son mari vit en réalité dans la précarité, et ses rêves d’une vie meilleure semblent soudain s’éloigner.

 

Un contexte difficile pour les personnes migrantes 

L’intégration des personnes migrantes dans l’économie et la société n’est en effet pas aisée au Maroc. Le pays connaît un taux de chômage élevé : 12,1 % au premier trimestre 2022, avec un pic à 16,3 % en milieu urbain.

De plus, la part informelle est assez importante dans l’économie marocaine, ce qui rend d’autant plus difficile l’intégration des personnes migrantes.

Même si des services d’accompagnement à l’emploi et à l’autoemploi existent depuis de nombreuses années, les nouveaux et nouvelles arrivant·es n’en ont souvent pas conscience et ne peuvent donc en bénéficier.

Solange, qui a décidé de rester au Maroc pour épauler son mari, n’est cependant pas du genre à renoncer facilement. Elle se met activement à la recherche d’une solution.

« J’allais souvent me promener sur la plage pour réfléchir au bord de l’eau. Un jour, par hasard, j’ai heurté une cannette vide. Je l’ai ramassée et je me suis demandé s’il n’y avait pas là une piste pour moi. J’ai pris quelques renseignements, et j’ai appris que l’aluminium avait de la valeur et que les cannettes pouvaient être récoltées, fondues et revendues sous forme de bloc d’aluminium. Une piste concrète pour générer des revenus, donc. Mais comment en tirer parti ? »

 

 

Amuddu : un projet d’accompagnement sur le terrain

Heureusement, Solange rencontre un·e des agent·es communautaires du projet Amuddu lors d’une réunion dans une association de quartier.

Amuddu est un mot dans la langue Tamazight qui veut dire « voyage ». Soutenu par Enabel, le projet est une initiative qui s’appuie sur les programmes existants et cherche surtout à renforcer la coordination.

Enabel épaule les différentes institutions chargées de l’accompagnement des personnes migrantes et collabore également avec l’ANAPEC, le service public marocain chargé des formations et de la mise à l’emploi. L’initiative fait également appel aux organisations mises en place par la société civile.

L’idée est non seulement de coordonner les efforts de chacun·e, mais aussi d’essayer de nouvelles pistes pour renforcer l’accompagnement existant. Ainsi, pour la première fois au Maroc, l’ANAPEC a accueilli en son sein une équipe de quatre personnes issues de la population migrante et réfugiée : deux Ivoiriennes, un Camerounais et un Guinéen. Leur mission : rencontrer les communautés immigrées dans les quartiers où elles résident et les informer sur les services disponibles en matière de formation professionnelle et d’accompagnement à l’emploi et à l’autoemploi.

Cette approche est particulièrement efficace, car elle permet de créer un lien entre les institutions publiques marocaines et les personnes migrantes. Trop souvent, en effet, ces dernières ont tendance à se méfier des organismes officiels (voir encadré).

 

La société civile également impliquée

Les organisations de la société civile jouent elles aussi un rôle. Dès que les contacts sont noués, elles accompagnent les personnes migrantes dans leurs démarches administratives, la connaissance de leurs droits, l’apprentissage de la langue (Arabe/Tamazight), mais également dans l’obtention d’un accès aux soins médicaux ou psychologiques.

La fondation Ajial et l’Institution Marocaine d’Appui à la Micro-Entreprise ont par exemple créé un consortium qui collabore avec l’ANAPEC pour renforcer l’accompagnement à la création d’initiatives d’autoemploi par des personnes migrantes et réfugiées, avec une attention particulière sur la postcréation et la gestion d’aides financières à la création.

Avec des résultats concrets : à ce jour, 140 porteurs et porteuses de projets ont pu bénéficier d’un financement à la création d’initiatives d’autoemploi.

Un business plan pour obtenir un financement

Grâce au projet Amuddu, Solange a été mise en contact avec l’ANAPEC, où elle a pu s’inscrire. Elle a alors eu l’opportunité de suivre de nombreuses formations, notamment sur la réalisation d’un business plan. Elle a également bénéficié d’un accompagnement pour obtenir le statut d’autoentrepreneur·e.

Sélectionnée par l’ANAPEC pour bénéficier d’une mesure d’appui mise en place par le projet, Solange a pu présenter son projet de recyclage de cannettes devant un jury. Après délibération à huis clos, Solange s’est vu octroyer un financement de 22.300 dirhams (environ 2.100 euros) pour démarrer son activité.

Le projet Amuddu en chiffres

748

personnes migrantes et réfugiées accompagnées vers l’emploi et l’autoemploi.

597

personnes accompagnées vers l’autoemploi.

220

initiatives d’autoemploi ont été accompagnées en pré- et/ou postcréation.

213

personnes ont obtenu le statut d’autoentrepreneur·e.

Mais l’accompagnement ne s’est pas arrêté là. En effet, la fondation Ajial, partenaire du projet Amuddu, a soutenu Solange : rencontres de suivi du projet, formations sur le marketing, la commercialisation, la gestion des ressources, etc.

Grâce à son financement, Solange a pu investir dans un triporteur, des bottes, une combinaison de travail, un casque ainsi que des gants afin de travailler en toute sécurité.

 

Un œil sur la croissance

Aujourd’hui, Solange vit de son activité. Elle a conclu des accords avec plusieurs restaurants pour récupérer leurs cannettes, et mène régulièrement des opérations de nettoyage sur la côte à Rabat.

Son activité entrepreneuriale lui permet désormais de gagner sa vie, de contribuer à la prospérité de sa famille et de participer à la préservation de l’environnement et de sa communauté de résidence.

Mais notre entrepreneure ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle prévoit dans un futur proche d’agrandir son entreprise en engageant des femmes de son entourage en situation de vulnérabilité.

En effet, son projet prend de l’ampleur et intéresse plusieurs entreprises de recyclage qui l’ont contactée. Elle réfléchit désormais à élargir son périmètre d’activités afin de récolter une plus grande quantité de cannettes et faire ainsi prospérer son projet.

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